Histoire de l’Eglise à Maurice

Vice-Préfecture et Préfecture Apostoliques (1721 – 1819)

Aussitôt que fut décidée l’exploitation de l’Isle de France, les intérêts spirituels de son nouveau domaine préoccupèrent la Compagnie des Indes. Celle-ci recourut à la Congrégation de la mission, dite de Saint-Lazare, fondée par saint Vincent de Paul (1581-1660), déjà installée à l’île Bourbon. Le supérieur général, M. Jean Bonnet (1664-1735), accepta cette seconde charge. Le 21 mars 1721, par un traité signé à Paris avec les syndics, il s’engagea à fournir les missionnaires requis. Au mois d’avril 1722, quatre lazaristes débarquèrent avec le chevalier Denis de Nyon (1670-1742), premier gouverneur de l’île : M. Jean-Baptiste Borthon (1679-1750), vice-préfet apostolique, M. Gabriel Igou (1679-1764), prêtre, Etienne Lecoq et Pierre Adam, frères coadjuteurs. L’île fut divisée en deux paroisses en 1722 : Notre-Dame au Port-Sud-Est ou Port-Bourbon et Saint-Louis au Port-Nord-Ouest. Le débarquement s’étant effectué au Port-Nord-Ouest, la paroisse de Saint-Louis exista dès le premier jour, le 6 avril 1722, celle de Notre-Dame, quelques semaines plus tard. Comme églises, le Grand-Port utilisa les bâtiments en maçonnerie laissés par les Hollandais, le Port-Nord-Ouest une hutte en palissade couverte de feuilles de palmiste, remplacée plus tard par une baraque en planches. Dans chacun de ces lieux de culte, les Ordonnances et Règlements du Conseil étaient promulgués le dimanche, une coutume qui subsista jusqu’à la Révolution française en 1789.


En juillet 1728, le clergé reçut une importante concession près du Port-Nord-Ouest, sur les bords de la rivière des Lataniers. La région avoisinante prit le nom de La Vallée-des-Prêtres, qu’elle porte encore aujourd’hui.


La population augmenta lentement. Elle comptait 161 âmes à la fin de 1722, 313 en 1725, 838 quelques années après, comprenant respectivement 30, 34 et 648 esclaves. M. Borthon baptisa et maria les deux premiers esclaves dans la chapelle du Port-Nord-Ouest le 11 mars 1725. Un double recensement effectué en 1735 donnait le nombre total des habitants : 2760 Européens et esclaves. 676 vivaient au Port-Louis et 246 au Port-Bourbon. Les autres étaient dispersés dans les 61 concessions en exploitation à travers l’île.


Le dimanche 6 octobre 1737 et le mardi 19 août 1738, les deux curés prirent possession canonique des deux églises cédées par la Compagnie des Indes à la Congrégation des missions. Celle de Port-Louis - depuis juin 1735, le Port-Nord-Ouest, devenu la capitale du pays, s’appelait ainsi - récemment construite, était située sur l’emplacement des numéros 9 à 11 de la rue Royale. Elle avait des murs en maçonnerie et un toit en bardeaux. Une plaque commémorative sur la façade de l’actuel bâtiment de la Banque Commerciale indique l’emplacement de cet ancien sanctuaire.


En 1743, la paroisse de Saint-Louis fut scindée par la fondation de celle de Pamplemousses pour desservir le nord de l’île. Elle reçut pour patron saint François d’Assise (1182-1226) en l’honneur du gouverneur François Mahé de La Bourdonnais (1699-1753).

Dans le courant de 1752, commença, sur les plans et sous la direction de Jean-François Charpentier de Cossigny (1690-1780), la construction d’une grande église à la rue du Champ-de-Mars, aujourd’hui rue Pope-Hennessy. Elle ne devait jamais servir comme lieu de culte. Presqu’achevée en 1756, elle dut être utilisée comme magasin en raison de la guerre en Inde et le cyclone du 27 janvier 1760 qui l’endommagea sérieusement.


Le 1 er septembre 1758, M. Gabriel Igou, premier curé de Saint-Louis et second vice-préfet apostolique depuis 1732, fut frappé de cécité pendant qu’il disait la messe. Il s’éteignit le 2 avril 1764 à l’âge de 85 ans. Ses quarante-deux ans de ministère avaient coïncidé avec la transformation complète de la colonie. Port-Louis avait assumé des allures de villette avec son bel hôtel du gouvernement, son vaste hôpital, ses grands entrepôts, son école paroissiale, ses quelque cinq cents maisons et ses 7 à 8 000 habitants. A l’époque de sa mort, la population approchait les 18 000 âmes. Les esclaves avaient été l’objet d’un zèle particulier pour lui. Pendant son long pastorat, des milliers d’enfants avaient été baptisés et des centaines d’adultes baptisés et mariés.


En 1772, le siège de la préfecture apostolique fut transféré de Saint-Denis à Port-Louis. Le curé d’alors de Saint- Louis, M. François Contenot (1723-1786), lazariste, fut nommé préfet apostolique et continua de résider à l’Isle de France. Ses successeurs firent de même.


Dans l’intervalle, le 7 juin 1768, fut appliquée l’Ordonnance royale du 15 septembre 1766 dotant les îles de fabriques paroissiales. En mars 1770, deux nouvelles paroisses furent créées dans les districts de Flacq et Moka. Elles furent dédiées respectivement à saint Julien et saint Pierre en l’honneur du gouverneur, le chevalier Julien Desroches (1719-1784), et de son intendant, Pierre Poivre (1719-1786). Le 4 septembre de la même année, les premières religieuses foulèrent le sol mauricien. Elles étaient six religieuses de la Congrégation des sœurs de Saint-Paul de Chartres, appelées à prendre charge des hôpitaux. Pendant quarante ans, cette congrégation pourvut aux soins des malades. Les dernières sœurs quittèrent la colonie en même temps que le général Charles Mathieu Isidore Decaen (1769-1832) après la prise de l’île par les Anglais en 1810.


L’église de la rue Pope Hennessy, endommagée par le cyclone de janvier 1760, fut remise en état et allait être livrée au culte lorsqu’elle fut complètement détruite par un ouragan le 9 avril 1772. On entreprit sa reconstruction vers le milieu de 1778. Le clergé s’installa aussitôt dans la nouvelle cure élevée sur l’emplacement du presbytère actuel. L’établissement de la rue Royale qui comprenait l’église Saint-Louis, le presbytère avec de nombreuses dépendances fut vendu à l’encan en août 1782.


Quand la Révolution française éclata en 1789, le culte public ne souffrit aucune interruption. Même les processions solennelles de la Fête-Dieu continuèrent. Les années 1791 et 1792, les dernières au sujet desquelles subsistent des statistiques ecclésiastiques, recensèrent 2 026 baptêmes, 191 mariages et 2 913 sépultures. Le 29 octobre 1792, l’Assemblée coloniale interdit aux prêtres le port du costume ecclésiastique et leur infligèrent diverses autres tracasseries. La préfecture apostolique n’avait fondé que cinq paroisses, mais bon nombre d’esclaves avaient été convertis au christianisme. Le préfet apostolique montra d’ailleurs une sage tolérance. A partir du 5 mai 1790, il céda à l’Assemblée coloniale, pour y tenir ses réunions, qu’il présida lui-même plusieurs fois, les deux tiers de l’église. Mais, dangereusement lézardée, elle dut être abandonnée à la fin de 1795 et en partie démolie. Un grand entrepôt, près du Parc-à-Boulets, fut transformé en chapelle provisoire.


Le dernier préfet lazariste, M. Emmanuel Amé Joseph Gouillart (1756-1823), demeura en fonction jusqu’à l’arrivée du premier vicaire apostolique, Mgr Edward Bede Slater (1774-1832), évêque titulaire de Ruspa, en 1820. Il était curé de Pamplemousses quand il mourut le 29 août 1823. Un seul de ses confrères lui survécut à Maurice : M. Antoine Flageolet (1742-1826), arrivé en 1776, curé de Saint-Pierre-ès-Liens, Moka, pendant trente-trois ans, où il décéda le 2 janvier 1826.

La colonie compta quatre vice-préfets apostoliques lazaristes, 1722-1772

1722-1732

M. Jean-Baptiste Borthon

1732-1760

M. Gabriel Igou

1761-1768

M. Jean Le Borgne

1768-1772

M. François Contenot

Six préfets apostoliques, tous lazaristes sauf un,
1772-1820

1772-1781

Mgr François Contenot

1781-1788

M . André Chambovet

1788-1793

M. Charles Darthé

1793-1801

M. Gabriel Durocher

1806-1807

M. Pierre Hoffmann, capucin sécularisé

1809-1820

M. Emmanuel Gouillart

M. Gabriel Durocher (1730-1801) résidait à Bourbon. Depuis sa mort, le 16 octobre 1801, jusqu’en 1806, l’Isle de France n’eut pas de supérieur ecclésiastique investi de pouvoirs canoniques. L’abbé Pierre François Hoffmann (1754-1807) mourut le 2 novembre 1807 à Rivière-Noire. M. Gouillart ne lui succéda qu’en janvier 1809. Le changement de drapeau, survenu en 1810 après la bataille de Vieux-Grand-Port, n’entraîna aucun bouleversement religieux. L’acte de reddition stipulait que les habitants conserveraient leur religion, leurs lois et leurs coutumes. Cet engagement fut respecté et la religion catholique demeura la religion officielle du pays. Le premier gouverneur anglais, Sir Robert Farquhar (1766-1830), proclama la Saint-Louis jour férié le 23 août 1814 et rétablit, le 17 juillet 1815, les fabriques supprimées par la Révolution. Il restitua également le presbytère au clergé de Port-Louis au commencement de 1816 et fit restaurer l’église Saint-Louis. Celle-ci fut rouverte au culte prématurément à la fin de septembre 1816 suite à un grand incendie qui brûla une bonne partie de la ville le 25 septembre aussi bien que la chapelle provisoire de Parc-à-Boulets avec tout ce qu’elle contenait, y compris les archives ecclésiastiques.

Vicariat Apostolique (1819- 1847)

Par brefs du 8 juin 1818, du 11 mars et du 4 avril 1819, la Propagande fit de Port-Louis le centre d’un immense vicariat apostolique qui comprenait l’île Maurice, Sainte-Hélène, le Cap de Bonne-Espérance, Madagascar, les Seychelles et l’Australie. L’île Maurice comptait alors 97 000 habitants.

Le premier vicaire apostolique, Mgr Edward Bede Slater o.s.b. (1774-1832), arriva dans le pays le 28 février 1820. En août 1821, il donna à ses ouailles un excellent catéchisme, le premier à être imprimé à Maurice.

A la fin de 1827, l’on retrouva fortuitement les restes de Madame de La Bourdonnais dans une dépendance de l’Hôtel du gouvernement, qui avait été la chapelle du Conseil supérieur. Ils furent transférés en grande pompe dans l’église Saint-Louis le 26 décembre.
En décembre 1828, arriva à Port-Louis l’aumônier principal de Napoléon Bonaparte (1769-1821) à Sainte- Hélène, Mgr Antoine Buonavita (1752-1833), âgé alors près de soixante-dix-sept ans. Attaché à la paroisse de Saint-Louis, il mourut à Pamplemousses le 2 novembre 1833. Il fut enterré dans le cimetière paroissial du lieu.

Le 1er février 1835, l’esclavage fut aboli à Maurice. 76 774 hommes, femmes et enfants recouvrèrent la liberté. Mais l’immigration indienne avait déjà commencé dès 1829. Elle allait se poursuivre de 1834 à 1907 avec plusieurs interruptions sporadiques notamment en 1881, 1892, 1898 et 1899. Pendant ces trois quarts de siècle, elle devait introduire à Maurice 458 814 immigrants, dont 350 379 hommes et 108 435 femmes. Quelque 138 549 d’entre eux, dont 109 210 hommes et 29 339 femmes, retournèrent en Inde à diverses époques.

Avec la fondation des missions apostoliques autonomes dans les diverses contrées qui constituaient le vicariat apostolique de Port-Louis, ce dernier se démembra petit à petit. Madagascar y fut détaché en 1829, l’Australie en 1834, le Cap de Bonne-Espérance en 1837, Sainte-Hélène en 1851 et les Seychelles en 1852. Le 7 décembre 1847, par bref apostolique, l’île Maurice fut élevée au rang de diocèse.

Durant la période de vicariat apostolique, il y eut trois vicaires apostoliques, tous appartenant à l’Ordre de Saint- Benoît :

1819-1832

Mgr Edward Bede Slater (1774-1832)

1833-1841

Mgr Edward William Placid Morris (1824-1900)

1841-1847

Mgr William Bernard Allen Collier (1802-1890)

Les Évêques de Port-Louis (1847- 2018)

1. Les évêques bénédictins jusqu’à Mgr John Baptist Tuohill Murphy


Quand le 7 décembre 1847, un bref du pape Pie IX créa le diocèse de Port-Louis, la catholicité mauricienne comptait déjà cent vingt-cinq ans d’histoire. Mais l’essor religieux fut lent, précaire, et rendu plus compliqué par les difficultés inhérentes à l’aventure coloniale et par une suite de régimes successifs disparates : la Compagnie des Indes (1722-1766), le gouvernement royal (1767-1790), la Révolution française (1790-1803), l’Empire (1803-1810) et l’administration coloniale britannique (1810-1968). En outre, le manque de prêtres et l’épiscopat des deux prélats particulièrement malhabiles, Mgr Edward Bede Slater (1819-1832), et Mgr Edward William Placid Morris (1833-1840), évêque titulaire de Troie, firent que, dans la première moitié du 19 e siècle, l’Église catholique à Maurice subit un déclin manifeste.


Le 14 septembre 1841, arriva à Port-Louis, en compagnie du père Jacques-Désiré Laval (1803-1864), Mgr William Bernard Allen Collier o.s.b. (1802-1890), évêque titulaire de Milève, âgé de 39 ans. Il fut nommé troisième vicaire apostolique sur le choix personnel du pape Grégoire XVI (1765-1846). Il se mit aussitôt à la tâche pour restaurer les intérêts de la religion. Il créa de nouvelles paroisses, recruta un clergé dévoué et résolu. En 1845, il fit appel aux religieuses de l’Institut de la Bienheureuse-Vierge-Marie pour assurer l’instruction secondaire des jeunes filles. Il suscita, surtout dans la communauté catholique, une pratique religieuse plus ardente et plus éclairée.


Le 7 décembre 1847, Mgr Collier obtint du Saint-Siège la fondation du diocèse de Port-Louis et fut nommé lui- même son premier évêque. Il poursuivit son œuvre de réforme, favorisant, notamment, en 1850, la fondation de la Congrégation des sœurs de charité de Notre-Dame-du-Bon-et-Perpétuel-Secours par une Mauricienne, Mère Marie-Augustine (1824-1900), née Caroline Lenferna de Laresle; en 1855, l’établissement de la Société de Saint Vincent-de-Paul et la venue des religieux de l’Institut des frères des écoles chrétiennes en 1859 pour ouvrir des écoles. Il envoya également un premier missionnaire, le père François Thévaux c.s.sp. (1820-1877), à Rodrigues en 1850-1851 et instaura la Mission indienne en 1861, avec le concours de deux prêtres jésuites, Francis Roy (1825-1881) et Laurent Puccinelli (1810-1872). Ferme et autoritaire quand il le fallait, comme en témoigne son mandement de 1854 contre les francs-maçons, il laissa, à son départ en 1862, un diocèse solidement organisé. Son épiscopat avait duré 15 ans. Il mourut le 21 novembre 1890 à Coventry en Angleterre.


Son successeur, Mgr Michael Adrian Hankinson o.s.b. (1817-1870), précédemment prieur de Douai en Irlande, fut nommé évêque de Port-Louis le 15 septembre 1863. Il rechercha les conseils de l’abbé Pierce Michael Comerford (1818-1906), qui, en sa qualité d’administrateur du diocèse, avait fait venir de la Réunion les religieuses de la Congrégation des filles de Marie de Saint-Denis en 1864. A eux deux, ils maintinrent l’effort de recrutement du clergé et obtinrent, en 1866, l’implantation d’une communauté des sœurs semi- contemplatives de la Société de Marie-Réparatrice. Parti assister au premier Concile du Vatican en 1869, il mourut l’année suivante au monastère de Douai en France après un épiscopat de 7 ans. Ses restes furent ramenés à Maurice et inhumés dans le chœur de la cathédrale.


Mgr William Benoît Scarisbrick o.s.b. (1828-1908), nommé troisième évêque de Port-Louis le 22 décembre 1871, eut un épiscopat relativement long de 1871 à 1887 mais peu fructueux. Anglais de fière souche, cet ancien curé de Liverpool s’entendit plutôt mal avec son clergé irlandais et fut même impliqué dans l’opposition des dignitaires anglais au gouverneur Sir John Pope Hennessy (1834-1891), premier gouverneur de foi catholique depuis 1810. Créateur des premiers chanoines honoraires du diocèse, Mgr Scarisbrick permit néanmoins une ébauche de la mission chinoise en 1872 avec les prêtres lazaristes, l’ouverture du Collège Saint-Joseph et la fondation de l’Union catholique en 1877. Il quitta l’île Maurice le 23 octobre 1887 et mourut à Great Malvern en Angleterre le 7 mai 1908. Son successeur fut Mgr Léon Jean Gabriel Meurin s.j. (1825-1895), vicaire apostolique de Bombay, nommé quatrième évêque de Port-Louis le 27 septembre 1887.


En dépit d’un épiscopat plutôt bref de 1887-1895, Mgr Meurin laissa une profonde empreinte sur le diocèse. D’origine franco-allemande, il fut missionnaire en Inde et s’avéra un savant orientaliste. Il arriva à Port-Louis la soixantaine passée, le premier de nos prélats à être titulaire d’un archevêché. D’un caractère vif et ardent, il n’hésita pas à engager des controverses publiques sur les problèmes d’intérêt religieux, dont le spiritisme. Mêlé à la vie de son troupeau et soucieux de justice sociale, il regroupa les artisans catholiques, tant de Port-Louis que des campagnes, en une union ouvrière qu’il voulait voir devenir le pendant de l’Union catholique qui était d’inspiration bourgeoise. Elle ne lui survécut malheureusement pas. De même, par l’ouverture du Séminaire Saint-Louis en 1889, Mgr Meurin marqua un premier pas vers le plein éveil des vocations presbytérales dans le diocèse. Les dégâts causés par l’ouragan de 1892, qui démolit de nombreuses églises et chapelles, assombrirent la fin de cet épiscopat autrement très significatif. Il mourut le 1 er juin 1895 à l’évêché de Port-Louis.


Les deux derniers évêques bénédictins du diocèse, Mgr Peter Austin O’Neill (1896-1909) et Mgr James Romanus Bilsborrow (1910-1916), illustrèrent surtout une période de transition, occupés qu’ils furent à renflouer les moyens et l’activité du diocèse, déjà entamés après le cyclone de 1892 et encore compliqués par les difficultés économiques du pays au tournant du siècle.


En 1916, soit que la congrégation bénédictine anglaise ne pût plus s’occuper d’un diocèse aussi éloigné, soit qu’une nouvelle impulsion se fût avérée nécessaire, la Propagande confia la direction du diocèse de Port-Louis à la Congrégation du Saint-Esprit et du Saint-Cœur-de-Marie. Cette congrégation, à la suite du père Jacques- Désiré Laval (1803-1864), nous avait déjà donné un nombre impressionnant de missionnaires : François Joseph Thiersé (1815-1880), Jean Lucien Mengelle (1849-1904), Jérôme Rochette de Lempdes (1851-1922), Léopold Lescure (1868-1919), etc. De fait, les trois évêques spiritains de ce siècle allaient provoquer une véritable renaissance religieuse.


2. Épiscopat de Mgr John Baptist Tuohill Murphy c.s.sp. (1916-1926)

D’abord, de 1916 à 1926, Mgr John-Baptist Tuohill Murphy c.s.sp. (1854-1926) qui avait déjà fait une longue carrière d’enseignant en Amérique avant de devenir provincial spiritain d’Irlande, réorganisa la hiérarchie ecclésiastique en vue de meilleurs aménagements paroissiaux. Il vécut à Port-Louis pendant toute l’année pour rester constamment en contact avec l’administration diocésaine. Il s’occupa aussi d’affermir la vocation ecclésiastique des jeunes en instituant, en 1920, le Séminaire Père-Laval à Quatre-Bornes qui, pendant quinze ans, assura le recrutement et l’entraînement d’un clergé autochtone. Il déploya une telle activité qu’au bout de dix ans ses forces étaient irrémédiablement entamées. Le premier de nos évêques spiritains, décédé à Port-Louis le 16 avril 1926, repose depuis le 6 juillet 1939 à Quatre-Bornes dans le collège diocésain qu’il avait toujours rêvé de créer.


3. Épiscopat de Mgr James Leen c.s.sp. (1926-1949)

Puis, ce fut le long et fécond épiscopat de 1926 à 1949 de Mgr James Leen c.s.sp. (1888-1949), venu tout droit, du Collège de Blackrock en Irlande sans avoir jamais exercé de ministère paroissial. Mais, en tant que coadjuteur de Mgr Murphy depuis 1925, il était au courant des besoins du diocèse qu’il se voyait confier le 13 décembre 1926. Aussitôt, il rendit encore plus efficace l’organisation esquissée par son prédécesseur, innovant sans cesse, rajeunissant ou complétant les institutions déjà en place. Il créa de nouvelles paroisses et relança la Mission indienne en 1930. Après avoir restauré et agrandi la cathédrale Saint-Louis en 1933, il dota le diocèse de ces hauts lieux de culte que sont le Monument de Marie-Reine-de-la-Paix en 1940 et le Montmartre Mauricien en 1941. Il fut nommé archevêque titulaire de Phasis en 1933. Il réalisa, en 1938, le grand rêve de Mgr Murphy : un collège diocésain, celui du Saint-Esprit à Quatre-Bornes. Ces deux projets d’envergure furent réalisés en dépit des conditions économiques et sociales le plus souvent défavorables.


Mgr Leen veilla, d’autre part, à propager les conceptions renouvelées de l’Action catholique, de la Légion de Marie, des mouvements de jeunesse, tant ouvriers qu’estudiantins, etc. Littéralement épuisé par le travail et les efforts déployés, il succomba au presbytère de Sainte-Hélène à Curepipe-Road le 19 décembre 1949, après deux années de maladie. Il fut inhumé dans le caveau des évêques à la cathédrale Saint-Louis à côté de ses prédécesseurs, Mgrs Hankinson, Meurin, O’Neill et Bilsborrow. Éminemment populaire et aimé de ses fidèles, Mgr Leen fut jusqu’à cette époque le plus grand prélat de l’histoire du diocèse, Mgr Collier excepté.


4. Épiscopat de Mgr Daniel Liston c.s.sp. (1949-1968)

Mgr Daniel Liston c.s.sp. (1900-1986), premier recteur du Collège du Saint-Esprit, sacré évêque coadjuteur de Mgr Leen le 12 octobre 1947 en la cathédrale Saint-Louis, poursuivit avec avantage l’œuvre de son prédécesseur. Les vocations presbytérales augmentèrent de manière spectaculaire ; les mouvements d’apostolat furent renforcés ; la Mission catholique chinoise créée en 1950 et un retentissant congrès marial organisé en 1954. Les écoles secondaires du diocèse doublèrent presqu’en nombre, tandis que les deux terribles cyclones de 1960 imposèrent un urgent programme de reconstruction. La pastorale subit également quelques changements majeurs. De manière générale, l’épiscopat de Mgr Liston aura finalement marqué un réajustement laborieux des activités du diocèse selon les exigences du Concile Vatican II. A son départ en congé le 4 décembre 1967, Mgr Liston, dont la santé s’était détériorée, laissait entrevoir un changement à la tête du diocèse. Au mois de mai 1968, Mgr Liston ayant démissionné, Mgr Jean Margéot assuma les fonctions de vicaire capitulaire. Son épiscopat avait duré 17 ans. Mgr Liston mourut le 3 mai 1986 en Irlande à l’âge de 86 ans.


5. Épiscopat du cardinal Jean Margéot (1969-1993)

Le 7 mars 1969, Mgr Jean Margéot (1916-2009) fut nommé évêque de Port-Louis par le pape Paul Vl. Le dimanche 4 mai suivant, il reçut l’ordination épiscopale au Monument de Marie-Reine-de-la-Paix à Port-Louis. Cette cérémonie grandiose fut l’événement le plus marquant du pays nouvellement indépendant. Elle était concélébrée par cinq évêques. Trois d’entre eux venaient des pays voisins : Madagascar, La Réunion et les Seychelles. Les deux autres nous arrivaient des diocèses aussi éloignés que Delhi et l’Asie du sud-est. Le pro- nonce apostolique à Madagascar, Mgr Paolo Mosconi (1914-1981), fut l’évêque consécrateur principal, Mgr Angelo Fernandes (1913-2000), archevêque de Delhi, et Mgr Georges Guibert (1915-1997), évêque de Saint- Denis, co-consécrateurs. Le clergé au grand complet était présent ainsi qu’un grand nombre de personnalités religieuses et civiles. La foule était estimée à 80 000 personnes.


Né à Quatre-Bornes le 3 février 1916, fils de Joseph Margéot et de Marie Harel, Jean Margéot fit ses études au Collège Père-Laval et au Collège Royal de Curepipe. A l’âge de 17 ans, il fut admis au Séminaire français de Rome. Il fit ses études ecclésiastiques à l’Université pontificale grégorienne où il obtint la licence de philosophie et la licence de théologie. Il fut ordonné prêtre le 17 décembre 1938 en la basilique Saint-Jean-de- Latran à Rome. Rentré à Maurice le 25 août 1939, il exerça, en plus du ministère presbytéral dans de nombreuses paroisses, des ministères diocésains, tels que directeur spirituel national de la Légion de Marie, secrétaire puis président de la Roman Catholic Education Authority et aumônier général des scouts catholiques. Nommé vicaire général le 1 er août 1956, il fut appelé à assumer l’administration du diocèse durant les longues absences de Mgr Daniel Liston pendant le Concile Vatican II.


Il fonda l’Action familiale en 1963. Nommé membre de la Commission pontificale pour la famille, il participa à deux sessions d’experts à Rome. En 1968, durant les mois troublés du pays, il s’imposa comme le pasteur autorisé et écouté non seulement par les catholiques mais aussi par les autres composantes de la société mauricienne. Le 4 mai 1988, le gouvernement français lui conféra la dignité de la Légion d’honneur. Auteur de La vie humaine : valeur et dignité, le cardinal Jean Margéot a aussi livré ses enseignements dans 40 lettres pastorales et des plaquettes largement diffusées et accueillies à tous les niveaux de la nation mauricienne.


Parmi les moments les plus solennels de son épiscopat, il faut citer, outre son ordination épiscopale le 4 mai 1969, la béatification du bienheureux Jacques-Désiré Laval (1803-1864) par le pape Jean-Paul II le 29 avril 1979 à Saint-Pierre de Rome, son élévation au cardinalat le 28 juin 1988 à Rome et la visite du pape Jean-Paul II à Maurice et à Rodrigues du 14 au 16 octobre 1989.


Mgr Jean Margéot, nommé évêque de Port-Louis le 6 février 1969, élevé au rang de cardinal à Rome le 28 juin 1988 par le pape Jean-Paul II (1920-2005), vit sa demande de mise à la retraite agréée le 15 mars 1993 par le Saint-Siège. Avec Mgr James Leen, il atteignait l’épiscopat le plus long du diocèse, 24 années, de 1969 à 1993. Premier évêque mauricien, au lendemain de l’accession de l’île Maurice à l’indépendance le 12 mars 1968, il sut se faire valoir non seulement comme pasteur écouté de tous les fidèles du diocèse, mais aussi comme Mauricien estimé par la population toute entière durant les deux décennies qui ont préparé le pays au statut de République le 12 mars 1992.


En mars 1991, le cardinal Jean Margéot voit sa demande d’un coadjuteur avec droit de succession apostolique agréée en la personne du père Maurice E. Piat c.s.sp. Le 19 mai 1991, il procéda à son ordination épiscopale au Monument de Marie-Reine-de-la-Paix. Après la nomination de Mgr Piat comme onzième évêque de Port- Louis le 15 Mars 1993, le cardinal se retira à Bonne-Terre. Le 4 mai 2010, Mgr Piat présida une messe d’action de grâce pour le 41 e anniversaire de son ordination épiscopale dans sa résidence de Bonne-Terre. Le 28 juin, toujours dans l’intimité de sa résidence à Bonne-Terre, l’évêque célébra une messe d’action de grâce pour le 21 e anniversaire de son cardinalat. Il s’éteignit le vendredi 17 juillet 2009 vers 10h00 à l’âge de 93 ans. Depuis un accident vasculaire cérébral survenu le 1 er octobre 2005 et une deuxième attaque le 18 décembre 2007, sa résistance aux aléas inévitables de la vieillesse prit un rude coup. Mais tout en s’affaiblissant progressivement, il garda une grande lucidité et supporta sa longue et pénible maladie avec beaucoup de foi, de courage et de sérénité jusqu’à son dernier souffle.


6. Épiscopat du cardinal Maurice E. Piat c.s.sp. (1993 -)

Le 15 mars 1993, devant tout le clergé convoqué à l’évêché ainsi que des représentants et représentantes des congrégations religieuses et des commissions diocésaines, le cardinal Jean Margéot leur présenta le nouvel évêque de Port-Louis, Mgr Maurice E. Piat c.s.sp, qui devenait le onzième évêque de Port-Louis et le second prêtre mauricien à succéder aux apôtres en terre mauricienne. Il choisit comme devise : Pousse vers le large (Luc 5, 4). En assumant la charge épiscopale, le nouvel évêque traça en deux mots le fil conducteur de sa pastorale : fidélité créatrice.


Dès son entrée en fonction comme évêque, Mgr Piat réorganisa la Curie diocésaine ainsi que le Conseil pastoral diocésain. Sur le plan de la Curie diocésaine, il s’entoura de deux vicaires généraux et de huit vicaires épiscopaux. Il réaménagea le Conseil épiscopal, le Collège des consulteurs, le Conseil presbytéral et créa un Conseil des affaires économiques.


Le nouveau Conseil pastoral comprend plus de 150 membres représentant les diverses composantes de l’Église locale : clergé, religieux, religieuses, conseils paroissiaux et régionaux, commissions, mouvements et autres groupements. Un bureau d’une vingtaine de membres est également constitué pour coordonner le programme de travail de ce Conseil et pour assurer son fonctionnement. En mai 1997, à l’ouverture du Synode diocésain, Mgr Piat dissout ce Conseil et le remplace par un secrétariat général du Synode et par une Assemblée synodale. Après plus de deux années de rencontres, de réflexion et de partage, les assemblées synodales de Rodrigues et de Maurice abordèrent la phase finale de leurs travaux en l’an 2000. A Rodrigues, le document qui contient les propositions des Rodriguais fut remis à Mgr Piat le 15 août, alors qu’à Maurice, l’assemblée synodale remet à l’évêque son document final le 9 décembre. La promulgation des décrets synodaux qui concernent les Églises d’Agaléga, de Rodrigues et de Maurice eut lieu le 28 janvier 2001, en même temps que la clôture de l’Année sainte par Mgr Piat en la cathédrale Saint-Louis.


Dans sa lettre pastorale de Carême en 2001 Synode 1997-2001 : prendre un nouveau départ, Mgr Piat présente le document synodal et invite l’Église toute entière à «accueillir ce document comme expression de ce que l’Esprit dit à l’Église» et à « participer tous ensemble à la mise en pratique progressive des recommandations qu’il contient ». Il précise aussi que ces recommandations doivent s’effectuer dans un esprit synodal : « Notre responsabilité principale sera d’adopter une pastorale d’ensemble, basée sur les axes fondamentaux que le Synode nous a données. » Dans cette optique, Mgr Piat met en place au courant de l’année 2001 un Conseil pastoral diocésain et une Assemblée diocésaine.


Le Conseil pastoral diocésain, présidé par l’évêque lui-même, est composé de prêtres, de religieux et de laïcs, représentant les diverses instances du diocèse. Il se réunit tous les mois pour conseiller l’évêque dans la conduite pastorale de l’Église par rapport aux orientations synodales. A cet effet, ce conseil est appelé à approfondir et à entrer dans l’esprit des orientations majeures du Synode ; regarder et analyser ce qui se passe dans le pays et dans l’Église, réfléchir sur une pastorale d’ensemble, ancrée dans ce que vit au quotidien la société mauricienne.


Mgr Piat présente l’Assemblée diocésaine comme « le lieu où toutes les différentes initiatives prises par les paroisses, les mouvements, les services et les communautés, pour mettre en pratique l’une ou l’autre orientation du synode, pourront être mises en commun ». Il précise ses deux objectifs majeurs : 1. S’encourager et s’entraider mutuellement dans la compréhension et la mise en pratique du synode; 2. S’interpeller mutuellement afin de veiller à ce que la direction tracée par le synode soit respectée, même si les moyens pris par les uns et les autres varient.


L’Assemblée diocésaine qui est composée des représentants du clergé, des congrégations religieuses, des paroisses, des mouvements et services, et des forces vives du diocèse, est convoquée en novembre chaque année. Elle incite les nombreux mouvements et groupes, en paroisse ou en quartier, à se réunir régulièrement pour étudier les diverses orientations du Synode et leur application dans la réalité mauricienne. C’est ainsi que l’option préférentielle pour les pauvres s’est concrétisée davantage à travers l’École complémentaire et l’action caritative dans plusieurs paroisses, en particulier au niveau des Services d’écoute et de développement (S.E.E.D.).


Les thèmes des assemblées diocésaines de 2006 et 2007 étaient : Appeler pour la mission de l’Église et devenir des communautés missionnaires. En 2008, l’Assemblée diocésaine se pencha longuement sur la pastorale des parents et proposa plusieurs recommandations à l’évêque. L’Assemblée diocésaine est dissoute en novembre 2009.


En 2003 la Pastorale des jeunes est relancée. La lettre pastorale Tu as du prix à mes yeux vise à susciter chez les jeunes un nouveau dynamisme.


Sur un autre plan, les catholiques se laissent de plus en plus attirer par les pèlerinages. En effet, depuis une dizaine d’années, ils sont nombreux à partir en groupes, avec un prêtre accompagnateur qui leur sert de guide spirituel, en Terre Sainte, à Fatima, à Lourdes et dans d’autres sanctuaires en France, en Italie, au Canada et dans d’autres pays où ils peuvent se ressourcer spirituellement.


A partir de 2000, à la demande de l’Église faite au gouvernement, le 15 août, fête de l’Assomption, est devenue jour férié en alternance avec le 1 er novembre, fête de la Toussaint.


En décembre 2004, l’évêque nomme la première équipe d’animation pastorale du diocèse dans la paroisse du Sacré-Cœur à Rivière-des-Anguilles. Les équipes d’animation pastorale sont appelées à porter ensemble la charge pastorale du clergé paroissial en participant aux activités courantes ou exceptionnelles de la paroisse et aux orientations diocésaines de la mission de l'Église. Les membres de ces équipes sont nommés individuellement par l’évêque pour un mandat de trois ans. Ils reçoivent des attributions précises qui sont approuvées par le Conseil presbytéral selon le Code du droit canon. Le diocèse s’est engagé dans cette structure paroissiale face à la pénurie des prêtres et au vieillissement du clergé conformément à la recommandation du Synode diocésain en 2001, comme l’explique l’évêque dans sa lettre pastorale de Carême Vivre ensemble la mission de la paroisse en 2005. Il y a maintenant une équipe d’animation pastorale en fonction dans chaque paroisse du diocèse.

  • Une première équipe est installée en décembre 2004 à la paroisse du Sacré-Cœur, Rivière-des-Anguilles. En 2006, sept autres équipes sont nommées dans les paroisses suivantes :
  • Saint-Paul, Phoenix
  • Notre-dame-de-Lourdes, Rose-Hill
  • Sainte-Anne, Rose-Hill
  • Saint-Patrick, Rose-Hill
  • Sainte-Thérèse, Curepipe
  • Notre-Dame-de-la-Visitation, Vacoas
  • Notre-Dame-du-Rosaire, Quatre-Bornes
  • Dans sa lettre de carême 2005 intitulée « Vivre ensemble la mission de la paroisse », Mgr Piat explique les raisons profondes qui l’ont poussé à prendre cette décision.

IV. L’ÉGLISE A AGALÉGA

Situées à 928 km au nord de l’île Maurice, les deux îles qui forment le territoire d’Agaléga sont séparées par un haut fond praticable à gué à marée basse : l’île du Nord et l’île du Sud. Une barque, le Capucin, les relie. Chacune des deux îles possède son lieu de culte : la chapelle du Sacré-Cœur à Vingt-Cinq sur l’île du Nord et sur l’île du Sud, à Sainte-Rita, la chapelle Sainte-Rita. Le nom de ce lieu fut donné, en 1933, par Mgr James Leen c.s.sp. lors d’une visite pastorale dans l’île, en l’honneur de la fille de Volcy Monnier, l’administrateur de l’époque. Il fut le premier évêque de Port-Louis à fouler le sol de ces deux îles qui font partie du diocèse de Port-Louis.


Dès 1835, l’épouse du propriétaire d’alors, Mme Barbé, avait demandé l’envoi d’un prêtre à Agaléga. Ce n’est qu’en 1897 que le premier missionnaire, le père Victor Malaval s.j. (1850-1931) débarqua sur l’île du Sud. C’était dans l’après-midi du 20 août. Une chapelle fut improvisée avec tous les éléments nécessaires à la célébration de la messe. Il séjourna 25 jours sur l’île. Il ne s’y retourna que 5 ans plus tard. Au cours de ses séjours, il catéchisait, baptisait, bénissait les unions conjugales, confessait, faisait communier pour la première fois enfants et adultes et administrait le sacrement de confirmation. Périodiquement, tous les 5 ou 10 ans, les missionnaires jésuites y retournaient jusqu’en 1932, date à laquelle cette mission lointaine, tout comme celles des autres îles de la région dépendantes de l’île Maurice, fut confiée aux missionnaires de la Congrégation du Saint-Esprit. Les missionnaires spiritains s’y rendaient tous les ans. Ce fut le père François Cléret de Langavant c.s.sp. (1896-1991), futur évêque de Saint-Denis, qui renoua, 8 ans après la dernière visite des missionnaires jésuites, avec ces visites pastorales. A partir de 1935, ce fut le père Roger Dussercle c.s.sp. (1902-1975) qui desservit tous les ans Agaléga et les autres îles de la région.

Autrefois, dans l’attente de la visite du prêtre, c’était l’administrateur qui ondoyait les nouveau-nés. Ceux-ci recevaient ensuite le complément des rites de baptême lors du passage d’un prêtre. Lors de ses visites, le prêtre ne procédait aux actes de culte que l’après-midi, après l’école pour les enfants et le soir, après le travail pour les adultes. C’était l’administrateur qui mariait civilement les couples. Aujourd’hui, ce sont les employés de la station météorologique qui agissent comme officiers d’état civil.


Il existe à Agaléga un Groupe noyau composé, à part égale, d’hommes et de femmes, de 10 membres pour les deux îles. Ce groupe veille à l’animation catéchétique, spirituelle et liturgique. Le dimanche et les jours de fête, en l’absence du prêtre, il assure l’animation de la célébration de la Parole. Ce sont les enseignants des deux écoles qui préparent les enfants à la première communion et à la confirmation et assurent l’enseignement religieux. Ils se rencontrent régulièrement pour un partage d’Évangile. Les jeunes ne sont pas en reste, surtout pendant le Carême avec le chemin de croix les vendredis et la prière à domicile ou devant une grotte comme à La Fourche. Même des retraites spirituelles sont organisées.


Lors de sa troisième visite pastorale à Agaléga le 19 août 1999, Mgr Maurice E. Piat, accompagné de l’abbé Adrien Wiehe, vicaire général, posa la première pierre d’une maison diocésaine. Depuis son inauguration en 2000, les congrégations religieuses féminines implantées à Maurice assurent une permanence continue de deux religieuses. La présence d’un prêtre est également disponible pendant les deux grands temps de l’année liturgiques, le Carême et l’Avent. En 2010, l’abbé Jean-Pierre Arlanda y séjourna pour le Carême et l’Avent. Sœurs Marie Anne Colette et Gilma Perrine retournèrent à Maurice en décembre 2010. Elles furent remplacées par Marie-Cyrile Seetaloo f.d.m. et Marie Valérie Louis f.d.m. Ce sont Olivia Bergue f.d.m. et Florise Chue Wai Leung f.d.m. qui font un tour de service à Agaléga actuellement. Le 18 novembre de la même année, une branche de S.E.E.D.-Caritas a été ouverte à la maison diocésaine.


Les Agaléens participent aussi à l’autofinancement du diocèse. C’est un signe de la vitalité de la foi de cette communauté chrétienne sur une île sans présence permanente d’un prêtre. Leurs représentants étaient présents au Thabor le 2 juin 1996 lors de la consultation préliminaire pour décider de la tenue d’un synode et le 31 mai 1999 à l’occasion de la présentation des membres de l’Assemblée synodale au Monument de Marie-Reine-de-la- Paix. En 2000-2001, ils participèrent également aux travaux du synode. Leurs commentaires et propositions concernant l’Église à Agaléga sont contenus dans les décrets synodaux promulgués par Mgr Piat le 28 janvier 2001. Le 18 juin 2004, à l’occasion du 75 e anniversaire de l’église du Sacré-Cœur, Mgr Piat, accompagné de l’abbé Jean-Maurice Labour, vicaire général, se rendit à Agaléga pour célébrer cet événement.


Dans le domaine de l’éducation, l’Église cogère l’enseignement primaire avec le ministère de l’Éducation sur une base rotative de deux ans à travers le Bureau de l’éducation catholique. Il y a maintenant deux écoles primaires, une sur chaque île. Celle du Sud est de construction récente, ayant remplacé l’ancien bâtiment désaffectée depuis longtemps. La particularité de ces écoles est qu’il y a un seul maître d’école et que les enseignants proviennent, sur la base du volontariat à la fois de la Roman Catholic Education Authority et du ministère de l’Éducation.

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