En ce weekend de La Vie Consacrée, les Sœurs de la congrégation « Franciscaine Missionnaire de Marie » (FMM) des pays de l’océan Indien sont doublement heureuses puisque trois d’entre elles ont célébré leur cinquante ans de vie religieuse ce dimanche 4 février. Elles sont deux Mauriciennes, à savoir, Maud Adam (en mission à Madagascar) et Sylvie Yeung Yuk Wing (en mission à l’Ile de la Réunion) et Jeanne-Martine Razanamiandrisoa qui poursuit son apostolat dans son pays à Madagascar.
Sr Maud, Sr Sylvie et Sr Jeanne-Martine ont débuté leur noviciat ensemble le 2 février 1974 chez les Franciscaines à Vacoas, et elles ont parcouru ces cinquante ans dans une belle communion, se soutenant mutuellement, malgré la distance, répondant à l’appel de la mission dans plusieurs pays à travers tous les continents. En effet, la vocation de leur congrégation a une dimension internationale. Bien qu’elles ne puissent pas être ensemble pour célébrer cet anniversaire elles font ressortir qu’elles restent unies par la prière. « Nous sommes dans une relation fraternelle», soulignent les trois jubilaires.
Au cours de ces cinquante ans, chacune, avec sa personnalité et son charisme, a connu un parcours très riche, entre vie active et temps de prière et elles ont été confrontées aussi à nombreux défis et d’imprévus. Pour toutes les trois Sœurs, cet anniversaire est l’occasion d’une relecture. Aujourd’hui, en contemplant le chemin parcouru, les trois Franciscaines Missionnaires sont envahies par une joie profonde et manifestent leur reconnaissance envers Dieu qui les a soutenus sans relâche. Elles sont dans l’action de grâce. Et ce refrain de louanges « Less mo loue mo Bondie ! » en kreol Morisien résonne dans leur tête tandis que le « Magnificat » de la Vierge Marie trouve écho dans leur cœur.
«Dieu m’a façonnée tout au long de ces années pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Il y a tant de personnes qu’Il m’a fait rencontrer sur mon chemin et tout ce que j’ai pu faire avec son aide et la lumière de l’Esprit Saint. Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour sa fidélité et pour tous ses bienfaits? Je ressens de la joie ! », témoigne Sr Sylvie. Elle exprime sa joie particulière, car le Cardinal Maurice Piat, actuellement à la Réunion pour prêcher une retraite des prêtres, a présidé la messe pour la célébration de ses 50 ans de vie consacrée, qui a eu ce dimanche à 9h30 en la Chapelle de l’Association St François d’Assise de St Denis. « La présence du cardinal est un cadeau pour moi ! Magnificat ! »
Sr Maud partage également sa joie: « Je sens qu’il y a beaucoup de personnes qui prient et rendent grâce avec moi. Depuis plusieurs jours je reçois beaucoup de messages pour me féliciter et certains amis sont déçus que je ne sois pas rentrée à Maurice pour célébrer cet évènement avec eux. Je les rassure que je les aime beaucoup et que je prie pour eux ». La voix émue, Sr Jeanne-Martine exprime son désir de « crier et chanter sa joie avec tout le monde ». « Tout est l’œuvre de Dieu et de l’Esprit Saint dans ce parcours, et c’est ce qui m’a permis de vivre cette communion avec mes sœurs Franciscaines » dit-elle.
Maud et Jeanne-Martine étaient ensemble pour renouveler leur « Oui » lors d’une messe célébrée en la paroisse Saint Francois d’Assise Andravoahangy, en présence de Mgr Tomaasz Grysa, nonce apostolique et de Mgr Jean de Dieu Raoelison, l'archevêque d’Antananarivo.
Cependant, comme dans toute forme de vie, la vie religieuse n’est pas sans difficultés. Parfois des nuages sont venus assombrir leur enthousiasme à servir l’Eglise, notamment, lorsqu’elles ont été confrontées à des missions inattendues dans des domaines où elles n’avaient aucune connaissance ni expérience. « Le Seigneur m’a fait passer par des routes les plus imprévisibles » atteste Sr Maud.
A titre d’exemple, elle évoque une mission dans les années 80 pour la mise en pratique d’un programme de réhabilitation des toxicomanes, conçu par le Diocèse de Port-Louis, où elle a eu l’impression d’avoir eu une clé en main pour ouvrir des portes inexplorées. « Le Seigneur m’a alors rassuré qu’il était devant moi et que je n’avais aucune crainte pour ouvrir ces portes et que d’autres le feront après moi. Je me suis mise à l’œuvre et d’autres ont suivi… », relate Sr Maud au sujet de cette page de sa vie missionnaire.
De retour à Madagascar après son noviciat, Sr Jeanne-Martine est informée qu’elle devrait travailler à la Clinique Saint François d’Assise, située à Antananarive. « Une mission à laquelle je ne m’attendais pas ! » dit-elle. « Je ne connaissais ni la langue médicale ni la culture des habitants de cette ville et je ne savais pas grand-chose sur la pastorale des malades. Dieu m’a pris vraiment à la lettre sur la disponibilité des Franciscaines missionnaires de Marie J’ai appris à m’adapter à cette nouvelle situation en chercher les moyens pour répondre à cette mission. J’étais aide-soignante, mais j’avais aussi d’autres tâches. Dieu m’a appris à accepter ma petitesse et je me suis laissée conduire par Lui dans cette mission », raconte avec une attitude d’humilité la religieuse malgache.
Sr Sylvie, responsable de la Communauté de FMM à Saint-Denis à l’Ile de la Réunion depuis 2019, a également eu des missions variées à Maurice et dans plusieurs pays. Elle partage ainsi sa réflexion sur l’exigence de disponibilité à tout moment, une caractéristique de la vie des missionnaires : « Je réponds « Oui » comme Jésus et Marie et je réponds aussi à ce que demandent nos Constitutions, c’est-à-dire, « Missionnaires, prêtes à aller partout et à tous.... »
En renouvelant leur « Oui » de manière solennelle, Maud, Sylvie et Jeanne Martine réaffirment leur vie consacrée exclusivement à Dieu et à l’Eglise. Mais comment poursuivront-elles leur engagement face aux nouvelles réalités de la vie religieuse ? « Je me sens en paix, ayant au fond de moi cette certitude que Dieu est en moi, qu’il m’aime et qu’il m’accompagne partout, en tout et pour tout. Je continue ma route avec gratitude et reconnaissance pour son amour et sa fidélité » répond Sr Sylvie.
Sr Maud continuera dans la formation des jeunes qui se préparent à la vie religieuse tout en restant à l’écoute des défis du monde et aux nouveaux besoins de l’Eglise. « C’est important d’avoir une ouverture sur le monde et je vais continuer à accompagner ces jeunes avec encore plus d’enthousiasme » affirme-t-elle avec conviction.
Quant à Sr Jeanne-Martine, elle est engagée déjà dans un travail fort passionnant: la rédaction de la deuxième partie de l’histoire de la congrégation Franciscaine Missionnaire de Marie à Madagascar. Ses cinquante années de vie religieuse - dont la majorité passée dans son pays natal - représentent un atout dans la suite de ce travail et une mission qu’elle poursuivra, sans aucun doute, en toute sérénité !