Introduction à la résolution.
Dans le cadre de sa mission de Service diocésain de formation des formateurs, l’Institut Cardinal Jean Margéot propose divers parcours d’enseignement aux citoyens de la République et organise des forums et autres débats destinés à aborder des sujets de société, à éveiller les consciences et à susciter l’engagement citoyen des Mauriciens.
Dans le sillage de la Journée internationale de la Paix, célébré chaque 21 septembre, l’ICJM a organisé une conférence-débat le lundi 05 septembre 2022, avec pour intervenants,
- Annabelle Némorin, présidente de l’« International Women’s Peace Group (IWPG)», Deputy HeadMaster au Primaire et ancienne Chef Commissaire de Girl Guides ;
- Danielle Berlanga Gonzalez, Membre-Lecturer de « IWPG», bénévole de l'Association « Link to Life» et anciennement, coordinatrice à la Fondation Espoir et Développement ; et
- Jean-Claude de l’Estrac, homme politique et ancien Ministre de la République, écrivain, journaliste, homme d’affaires et diplomate,
sous la modération du Dr. Jimmy Harmon, Professionnel de l’Éducation et Chercheur indépendant.
Préambule de la résolution.
Considérant
Que nous ne sommes pas uniquement des êtres vivants parmi toutes les espèces de la planète mais bien des personnes humaines, capables de vivre les uns avec les autres, et donc, de mieux vivre-ensemble avec un projet de société mauricienne,
Que cette même société mauricienne n’est pas seulement la somme de tous les êtres humains mais surtout une réalité collective qui propulse, dans une dynamique interpersonnelle et interinstitutionnelle, chaque être humain et tous les êtres humains vers un bien commun : la République de Maurice,
Que notre République, comme toute société, n’échappe pas à la trame perpétuelle du développement, qui prendra la direction que nous tous, citoyens de la République de Maurice, lui donnerons, d’où la nécessité de penser ensemble notre développement au XXIème siècle,
Considérant encore,
Que penser développement et société au XXIème siècle, c’est penser la Paix comme étant le climat d’harmonie, de tranquillité, de sérénité qui constitue le cadre de droit à l’intérieur duquel notre société peut continuer à se développer,
Qu’ainsi, si la Paix apparaît, d’abord, comme absence de guerre,
Des menaces perdurent toujours dans la zone du Sud-ouest de l’Océan Indien,
Au vu, de l’existence de bases militaires étrangères à Diégo Garcia, à l’île de la Réunion, à Agaléga,
Au vu, aussi, de la guerre froide qui oppose l’Inde et la Chine dans la région,
IL EST DONC RÉSOLU
De demander aux autorités
D’exercer la plus grande vigilance diplomatique pour assurer le non-alignement du pays dans le cas de l’exacerbation prévisible du conflit.
TOUTEFOIS,
La Paix est bien plus que l’absence de guerre, car l’absence de guerre ne signifie pas pour autant que, systémiquement, la Paix règne.
Raison pour laquelle, si on ne quitte pas la périphérie du cadre pour plonger à l’intérieur de la société, au-dedans du système, avec ses questions, enjeux et défis qui s’entremêlent de plus en plus dans un réseau de super-connectivité et d’hypercomplexité, nous laisserons perdurer des mécanismes qui gangrènent insidieusement nos structures et cancérisent notre société.
En conséquence de quoi, nous permettons un système qui non seulement voit des gestes de violence ici et là, individuellement et/ou collectivement, mais aussi, et surtout, qui est violence en lui-même ! Un système qui permet la violence mais surtout qui est violence dans sa nature et dans sa substance est la véritable antithèse de la Paix !
De ce fait, s’il est évident que rien ne peut se faire ni se penser si le cadre général de notre société n’est pas en paix, il est encore plus impératif, quoique plus difficile, de travailler non pas seulement le cadre mais le cœur de la société afin qu’elle soit en paix, qu’elle soit elle-même Paix !
IL EST DONC RÉSOLU
De demander aux autorités
De poursuivre et d’intensifier les efforts pour combattre toute violence systémique au sein de la République de Maurice et ce,
en consolidant un système d’éducation nationale visant à promouvoir le développement humain intégral de l’enfant mauricien ;
en contenant les situations et conditions entraînant la violence contre les filles et les femmes ;
en s’attaquant à la pauvreté et à la misère qui infestent la vie d’encore plusieurs dizaines de milliers de citoyens de la République ;
en engageant une réforme des milieux de détention policière, pénitentiaire et carcéral, soucieux de faire toujours valoir la présomption d’innocence de chacun et de tous, l’abolition de la charge provisoire et l’adoption de lois d’assainissement en matière de procédure criminelle,
en encourageant les initiatives locales et nationales, privées et publiques, visant à promouvoir le respect du tissu multiculturel, à créer des ponts et passerelles entre les communautés, et à distiller l’interculturalité ;
en continuant à mettre en œuvre les recommandations issues du Système des Nations-Unies dans le cadre des conventions internationales signées par Maurice comme État-Partie, ainsi que celles de la « Truth & Justice Commission » ;
et, en consolidant le capital démocratique de la République axé sur les droits fondamentaux de la personne, les libertés essentielles et le bien commun.
Épilogue de la résolution.
On ne peut donc pas être heureux parce qu’il n’y a pas de guerre, on peut l’être si nous travaillons à offrir un chemin de vie épanouissante et de développement humain intégral, un chemin pour une écologie holistique à chacun et à tous… c’est ça travailler à la Paix ! Sans quoi rien de vrai, de profond et de durable ne peut ni avancer, ni se penser, ni se faire.
Puisque les guerres commencent dans la tête des êtres humains, c’est dans leurs têtes que la volonté pour la paix doit être, d’abord, construite. Raison pour laquelle le ton doit changer pour parler à la deuxième personne du pluriel : nous sommes tous concernés ! Il nous faut donc sortir de notre zone de confort et nous engager pour un monde non pas seulement de sécurité, mais davantage un monde de Paix. Tel est notre devoir comme citoyens, tel est le rendez-vous que nous donne, encore et toujours, la République de Maurice.
Ce lundi 05 septembre 2022
Institut Cardinal Jean Margéot