Homélie du Cardinal Piat au Festival des Vocations

Ci-dessous, l'homélie du Cardinal Maurice E. Piat pronconcée au Thabor à l'occasion du Festival des Vocations.

 

Le Festival des Vocations évoque la joie, une joie partagée avec d’autres, une joie communicative.

Jubilons, disons merci au Seigneur

 

  • Devant la joie des prêtres et des religieux(ses) qui sont heureux de suivre le Christ, de donner leur vie pour le service du peuple de Dieu et qui trouvent leur joie dans ce service ;
  • Devant les époux, les parents qui sont heureux eux aussi de suivre le Christ, de donner leur vie pour leur conjoint, leur famille et trouvent leur joie dans ce service ; je pense aux
    • Parents d’enfant toxicomane
    • A certaines mamans abandonnées
  • Devant la joie aussi des laïcs célibataires qui donnent leur vie généreusement pour participer à la mission de l’Eglise.

 

Cette joie est le grand cadeau que le Christ fait à tous ceux et celles qu’il appelle à le suivre.

 

J’aime bien cette prière pour les vocations qu’on récite dans les paroisses et qui dit :

« prends Seigneur des jeunes de notre paroisse pour en faire de bons prêtres,

« prends des jeunes pour en faire de bonnes religieuses

« prends des jeunes pour en faire de bons époux, de bons parents ».

 

Quand on prie pour les vocations, il ne faut pas oublier de prier aussi pour ceux et celles que le Christ appelle à être époux et parents. Cela aussi est une vocation importante dans l’Eglise. Car la famille est le jardin où va germer toutes les différentes vocations. Et les parents sont appelés à être des jardiniers avisés qui préparent le terrain pour que la parole du Seigneur, l’appel qu’il fait à chacun puisse germer dans le cœur de leurs enfants et porter du fruit, qu’ils choisissent de devenir prêtre ou religieuse, père ou mère de famille.

 

Aujourd’hui dans ce festival nous rendons grâce pour tous ces parents qui accompagnent discrètement leurs enfants sur leur chemin de foi. Prions pour eux, qu’ils trouvent leur joie dans ce grand service qu’ils rendent à l’Eglise et au monde.

 

Nous rendons grâce aussi et nous prions aujourd’hui pour nos jeunes qui sont au moment d’entrer dans la vie adulte. Ils doivent se poser la question « qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? ».

La vie est en effet le plus beau cadeau que Dieu vous a donné à travers vos parents. Maintenant elle est entre vos mains et c’est à vous de décider ce que vous voulez faire de votre vie.

 

N’oubliez jamais que dans votre recherche, le Christ est là à vos côtés, comme un grand frère prêt à vous aider et à vous éclairer dans votre recherche.

Il n’est pas là pour vous aider à réussir dans la vie, à avoir beaucoup d’argent, du succès, du prestige.

 

Il est là plutôt pour vous aider à réussir votre vie, votre vie d’homme, de femme, dans le monde d’aujourd’hui avec toutes les possibilités qu’il vous offre et tous les défis qu’il vous pose. Que vous choisissiez le mariage, la vie religieuse ou la vie de prêtre, le Christ seul peut vous donner de réussir votre vie, parce que c’est lui seul qui peut nous apprendre à aimer jusqu’au bout, à aimer jusqu’à donner votre vie.

 

Lui seul peut vous donner cette joie d’aimer comme lui en se donnant totalement. Et c’est cette joie qui comble le cœur humain.

Il vous fait signe, il vous appelle aujourd’hui parce qu’il vous aime et s’intéresse beaucoup à vos projets. Cependant jamais il ne vous forcera. Il vous respecte trop pour cela. Il reste là disponible, il vous tend la main avec une grande tendresse et attend votre réponse avec beaucoup de patience.

 

Laissez vous regarder par le Christ, n’ayez pas peur.

Chant : « N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ »

 

Laissez vous conduire par lui. Que vous choisissez le mariage, la vie religieuse ou la vie de prêtre, le Christ vous donnera un cœur ouvert, généreux, prêt à aimer jusqu’au bout, un cœur qu’il remplira de sa joie.

 

Je peux témoigner que depuis que j’ai entendu l’appel du Christ vers l’âge de 17-18 ans et que j’ai vraiment décidé de le suivre comme prêtre dans la Congrégation du St Esprit d’abord, puis comme évêque du diocèse depuis 32 ans, je ne l’ai jamais regretté.

 

Malgré les choix difficiles à faire au début comme renoncer à une petite copine que j’aimais bien, renoncer à une profession qui m’intéressait beaucoup, être architecte, quitter ma famille et partir pour de longues études, le Christ ne m’a jamais abandonné ; il m’a toujours mis au cœur une vraie joie, pas une joie feu de paille qui s’allume vite et s’éteint vite, mais une joie feu de braise qui dure longtemps. Il y a eu aussi des épreuves, des moments difficiles dans ma vie de prêtre ou d’évêque. Mais le Christ a toujours été là comme un roc solide sur lequel je pouvais m’appuyer. Il m’a fait comprendre petit à petit comment lui-même pouvait rester fidèle et garder sa joie au milieu de souffrances beaucoup plus grandes que les miennes.

 

Petit à petit, il m’a fait découvrir la belle figure du serviteur souffrant qu’il a été lui-même, ce serviteur qui assume ses souffrances avec patience parce qu’il est disposé à souffrir pour ceux et celles qu’il aime, ceux et celles pour qui il a donné sa vie. Il y a une seule vocation qui compte dans la vie, vous savez, que l’on soit époux, parents, prêtre ou religieuse : c’est l’appel à aimer jusqu’au bout ceux et celles qui nous sont confiés. C’est là où se cache la plus grande des joies, celle du Christ lui-même. Elle vaut la peine d’ouvrir notre cœur pour la recevoir de lui.

 

La mission de l’Eglise dans le monde et notre rôle à chacun, c’est de faire résonner l’Evangile dans la société, i.e., la bonne nouvelle de l’amour reçu gratuitement et donne gratuitement, de témoigner de la joie de l’Evangile. Cette joie que nous donne le Christ est tellement belle, tellement grande qu’elle est comme une musique qui anime et accompagne nos vies. La mission de l’Eglise est de faire résonner cette musique dans le monde comme une espérance ; notre rôle c’est de vivre de cette joie, la partager, la faire connaître par tous ceux qui nous entourent.

 

C’est pourquoi j’avais dit le jour de mon ordination épiscopale que l’Eglise est comme un grand orchestre où chacun, qu’on soit parents, prêtres, religieux, religieuses ou laïcs, enfants, jeunes, adultes ou personnes âgées, chacun est comme un instrument de musique qui a une note particulière à faire entendre, un son unique que nous seul pouvons apporter, un son qui en se joignant aux autres donne une belle harmonie.

 

C’est pourquoi j’avais dit le même jour que le rôle de l’évêque ce n’est pas d’être homme orchestre, i.e., un homme qui saurait tout faire par lui-même, mais d’être un chef d’orchestre qui a besoin des autres pour faire entendre au monde la belle musique de l’Evangile. La joie de l’Evangile est une musique tellement belle qu’il faut la jouer ensemble à plusieurs, chacun avec un type d’instrument particulier qu’il joue en harmonie avec les autres sous la direction du chef d’orchestre. Aucun instrument ne doit écraser le son des autres instruments mais contribuer plutôt à le mettre en valeur. A certains moments, certains instruments sont mis en avant, et puis ils se taisent et laissent d’autres s’avancer.

 

L’harmonie c’est le travail du chef d’orchestre. Il doit veiller attentivement, beaucoup écouter, et maintenir la cohésion. Il ne joue aucun instrument lui-même, mais c’est lui qui doit donner le départ, indiquer le tempo, veiller à ce qu’on aille ni trop vite ni trop lentement. Il veille à ce que le charisme de chacun puisse s’exprimer et apporter sa contribution au moment voulu.

 

S’il y en a qui ne savent pas jouer un instrument ils peuvent chanter, s’ils ne savent pas chanter, ils peuvent danser, et s’ils ne peuvent pas danser, ils peuvent au moins taper des mains. Mais que tous puissent exprimer leur joie.

 

Cette musique là on ne la joue pas seulement dans de grandes cérémonies, pour de grandes occasions. On doit aussi la faire résonner dans notre manière de vivre notre vie de tous les jours, en famille, au travail, dans les paroisses, dans les services, les mouvements, dans nos engagements dans la vie de la cité, dans la vie économique, politique, culturelle.

 

Cette musique de l’Evangile est un trésor précieux qui nous inspire, nous encourage dans nos difficultés, nous soulage dans nos souffrances et maintient en nous le souffle. Nous ne pouvons pas la garder pour nous tout seul. Nous devons la partager. Certains peut-être seront touchés et s’arrêteront pour écouter. D’autres attraperont au vol un refrain, une mélodie, la fredonneront et la ramèneront la joie de chanter à la maison. D’autres encore resteront indifférents et passeront sans s’arrêter. Peut-être aussi certains siffleront… Peu importe, notre rôle à tous et à chacun est de jouer cette musique sans nous fatiguer, comme le semeur qui sème dans tous les terrains en espérant toujours qu’il y aura un coin de bonne terre qui accueillera la semence.

 

Aujourd’hui le jour où avant de prendre ma retraite, Mgr Jean Michaël Durhône a eu la gentillesse de vous inviter tous à célébrer ces 32 ans d’épiscopat, je voudrais d’abord et avant tout vous dire ma reconnaissance à vous tous, les vaillants et fidèles musiciens, danseurs, chanteurs du diocèse, vous avez fait résonner l’Evangile dans la société mauricienne comme une musique qui nous invite à vivre la fraternité, la solidarité avec les plus démunis, ceux qui souffrent dans leur coin, à collaborer avec nos frères d’autres communautés pour le plus grand bien de tous les Mauriciens. Nous aimons notre pays et nous voulons le servir généreusement.

 

Merci aux prêtres qui ont été mes premiers collaborateurs durant ces 32 années, ceux qui sont encore vivants et ceux qui sont décédés et qui prient pour nous. Vous avez été fidèles et créatifs pour rendre cette musique plus accessible, plus entraînante.

 

Merci aux couples et aux parents qui avez pris beaucoup de peine et passé beaucoup de temps à les initier à la foi en ce Jésus qui nous apporte une si grande joie. Merci pour votre patience, votre témoignage fidèle.

 

Merci à tous les laïcs, tous les religieux, religieuses qui travaillent dans divers services, mouvements et institutions du diocèse. Votre contribution a été vitale et sera de plus en plus importante. Car c’est vous finalement qui êtes les mieux placés pour porter l’espérance de l’Evangile dans tous les coins et recoins de la société.

 

Vous savez, être chef d’orchestre c’est bien beau, mais s’il n’a pas de musiciens il va battre la mesure dans le vide. Sans vous tous, sans votre foi active, sans le don de vous-même, l’Eglise à Maurice n’aurait pas pu aller bien loin. Jouer ensemble cette belle musique de l’Evangile avec vous a été une belle aventure pour moi. Je reconnais qu’il y a pu avoir ici et là quelques fausses notes, et aussi quelques faux coups de baguette de la part du chef d’orchestre et je vous demande pardon pour cela. Mais grâce à vous de beaux morceaux ont pu être joués ; une belle musique a pu résonner qui a pu apporter courage et espérance à beaucoup de personnes. C’est beau d’être témoin de cela.

 

Je n’arrêterai pas de rendre grâce à Dieu pour vous tous. Vous m’avez beaucoup apporté, soutenu, encouragé, corrigé quelquefois. Merci de tout cœur. Je prie avec vous et j’ai confiance que, sous la houlette de Mgr Durhône, la musique de l’Evangile continuera de résonner au milieu de nous et jusque dans les plus lointaines périphéries, au milieu des pauvres, des exclus.

 

En la jouant ensemble sous sa direction, cette musique apportera de la joie, cette joie qui mérite d’être communiquée, célébrée, chantée, parce que c’est la joie du Christ et c’est cette joie qui nous fait vivre.

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