Introduction :
Le diocèse de Port- Louis et la cité de Port-Louis célèbrent leur Saint Patron St Louis. Le roi Louis IX est né le 25 avril 1214. Il est sacré roi le 29 novembre 1226. Il est mort le 25 août 1270. Le roi Louis IX est canonisé par le Pape Boniface VIII le 11 août 1297. Comme le Seigneur rappelle à Salomon :
« Tu n’as pas demandé de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, et puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner... »
L’art de gouverner passe par la justice pour tous. Avec la justice vient la paix. Cela s’exprime par la non-violence.
Levanzil Sin Matthieu rappel nu sa koze kreol ki dir ou « bate rande pa fer dimal… tou lamonte ena so ladessant… » Dan l’Ancien Testament, zott appel sa la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent… » Avek Sin Louis, dibout to pei rezonn kouma enn lappel pou servi nou pei Moris dans la non- violence.
C’est pourquoi l’éveil de la conscience politique et citoyenne nous demande de voir comment vivre la non-violence à l’exemple du Christ. Dans un deuxième temps, il s’agit de voir comment vivre l’art d’être attentif et de gouverner dans la non-violence à l’exemple de St Louis. Et dans un troisième temps, comment vivre la non-violence dans le cadre des prochaines élections législatives.
- Comment vivre la non-violence à la manière du Christ ?
Ces paroles de Jésus peuvent paraître déraisonnables ou inhumaines : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends- lui encore l’autre. Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau… Vous avez appris : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien, moi je vous dis, aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent… »
Jésus Christ ne fait pas de théorie mais va démontrer ses paroles par les actes dans sa marche jusqu’à la croix. Jésus rend le bien pour le mal. La non-résistance prônée par Jésus constitue une opposition à la vengeance et n’encourage pas l’injustice et l’impunité. Elle ne prêche pas le pacifisme ou une attitude d’acceptation gratuite de la souffrance causée par le méchant. La haine de l’homme n’est pas enseignée par la Bible. Selon le théologien protestant Rudolf Bultmann, “l’amour s’intègre tout entier dans l’exigence de faire la volonté de Dieu.” Cet amour est différent de l’affection naturelle parce qu’il n’est pas naturel d’aimer ceux qui nous haïssent et nous blessent. C’est le fruit d’une grâce surnaturelle manifestée par ceux qui ont reçu la vie divine ». Il s’agit d’aimer d’une façon véritable ou sincère dont l’enjeu est de se préoccuper de l’autre sans hypocrisie ni haine en vue de l’unité et la paix. L’action de Dieu n’est pas discriminatoire en faveur des hommes. Appartenir au Christ implique la prise au sérieux de tout le monde d’une manière égale.
Nous référant à Jésus, sa vie, ses actes et ses enseignements étaient des signes d’amour en dépit de la violence humaine. Il a montré clairement que le prochain c’est lui-même. L’homme ennemi est désormais objet de l’amour du Christ.
Vivre l’amour, c’est accomplir cette volonté, car l’amour ne peut pas vouloir du mal pour le prochain. D’ailleurs aimer Dieu c’est haïr le mal.
- Vivre l’art d’être attentif et de gouverner dans la non-violence à l’exemple de St Louis
Cette volonté d'interdire le port d'armes date de la première moitié du XIIIe siècle, mais c'est surtout Louis IX (saint Louis) qui tente de l'imposer, avec une ordonnance de 1245.
En interdisant le port d'armes, le roi veut également lutter contre les guerres privées auxquelles se livrent les familles, les clans, les villages – cette vengeance codifiée qu'on appelle la faide. Le roi cherche en fait à imposer la justice royale : lorsqu'un grand seigneur, Enguerrand de Coucy, fait pendre trois criminels sans procès, Louis menace de le faire pendre à son tour.
Dans l'ordonnance de 1245, Louis IX reprend une mesure qu'on appelle la « Quarantaine du Roi »: lorsqu'il y a un conflit entre deux groupes, on impose un temps de réflexion obligatoire de quarante jours, pour laisser aux protagonistes le temps de se calmer. Rompre ce délai devient un crime de lèse-majesté, autrement dit une attaque contre le prestige et l'autorité de la couronne. En interdisant le port d'armes, le roi veut donc enlever aux individus le moyen de se faire justice eux-mêmes. Interdire le port d’armes permet à la société d’être plus apaisée et plus sécurisée.
- Comment vivre la non- violence dans le cadre des prochaines élections législatives ?
Selon la constitution de notre pays, l’Assemblée Nationale devra au plus tard être dissoute en novembre 2024. De ce fait, nous rentrerons dans des moments importants de campagne électorale et d’élections législatives. Nous pouvons reconnaître que chaque gouvernement a su jouer le jeu démocratique en organisant des élections législatives.
Comme mes prédécesseurs, le Cardinal Jean Margéot et le Cardinal Piat, je voudrais aussi insister sur quelques points de vigilance. Dans sa Lettre Pastorale « Pour une société juste, solidaire et fraternelle » de 1983 dans le cadre des élections législatives, le Cardinal Margéot s’exprimait en ces termes : « Au cours d’une campagne électorale, on peut facilement exciter les passions et créer des réactions qui deviennent de plus en plus difficile de contrôler. La violence verbale devient un moyen qui fait toujours reculer la maturité politique des électeurs surtout quand elle se met à soulever les passions sectaires. La violence verbale est un signe de faiblesse ».
C’est ainsi que le Cardinal Piat dans sa Lettre Pastorale « La responsabilité politique du citoyen » de 2000, nous rappelait que « la politique doit veiller à ce qu’existent les conditions nécessaires pour une coexistence pacifique entre citoyens et que les institutions mises en place pour assurer cette coexistence fonctionnent ».
Ainsi, je voudrais attirer notre attention sur le communalisme qui est une forme de violence. A travers les réseaux sociaux ou par d’autres moyens, je suis triste pour mon pays quand des paroles communales sont utilisées et viennent mettre en danger notre tissu social mauricien toujours en construction.
Que ce soit le Cardinal Margéot, le Cardinal Piat ou moi-même, nous sommes convaincus de ce que le Père Philippe Goupille appelle le « conflit désarmé ». Autrement dit, dans des situations de désaccord avec l’Etat ou toute autre institution, l’Eglise ne va jamais prôner des échanges qui dévalorisent ou blessent la dignité ou l’intégrité de la personne. Nous maintiendrons notre préoccupation sur l’enjeu social, culturel ou économique en vue du bien commun.
Je prie pour que les candidats durant la campagne électorale puissent présenter leur projet de société qui a pour finalité le bien commun de tous les citoyens mauriciens. Je prie pour que des adversaires politiques puissent faire valoir leurs idées dans le respect de la personne. Je prie pour que la campagne électorale se déroule dans un climat où ne règnent pas la peur et des tensions.
Chaque homme et femme politique ainsi que chaque citoyen a une grande responsabilité pour que Maurice soit un modèle de comportement démocratique à l’échelle nationale et internationale.
Conclusion
Avek Sin Louis, dibout pou to pei, kouma enn citoyen St Louis inn pran conscience aussi so responsabilite politique. La non violans ki Zezi ine montre nou, inn ouver bann sime lesperans kott nou kapav travay pou fer nou pei Moris avek Agalega, Chagos ek Rodrigues sant avek fierte nou l’hymne national “As one people, in peace, justice and liberty...”
Nous sommes nés sur cette terre et c’est tout au long d’une vie que nous apprenons à devenir Mauriciens et Mauriciennes. Que Saint Louis nous soit donné comme un modèle de citoyen et d’homme politique travaillant pour le bien commun avec un souci des plus pauvres.
Dans un message aux jeunes du 8 mai 1995, le Pape Jean Paul II s’exprima à eux en ces termes : « Rejetez les idéologies bornées et violentes, rejetez toute forme de nationalisme exacerbé et d’intolérance : c’est là que s’insinue insensiblement la formation de la violence et de la guerre. La mission vous est confiée d’ouvrir des voies nouvelles pour la fraternité entre les peuples, pour bâtir une famille humaine unique. »
Amen.