Le Père Bernard Hym qui célèbre son jubilé d’or sacerdotal ce 15 juin partage avec nous comment la rencontre avec la figure du Père Laval a été un tournant dans sa vie de prêtre. Comment cela a influé sur sa mission ? Lire son témoignage ci-dessous :
En 1988, après 15 ans de pastorale en milieu français, à Saint-Pierre et Miquelon, à côté du Canada, et dans un collège-séminaire près de Valence, au sud-est de la France, mon Supérieur Provincial me demande de servir à l’île Maurice. Puisque j’ai un an pour m’y préparer, je m’initie à l’hindouisme et je relis la vie du Père Laval, mort sur cette île lointaine où son caveau, aujourd’hui encore, attire 10.000 pèlerins par semaine et plusieurs dizaines de milliers en septembre.
Pour moi, c’est une double difficulté : Je m’étais attaché aux 6.000 habitants de Saint-Pierre et je ne voyais pas comment animer un pèlerinage. Les Pères Gérard Guillemot et Raymond Zimmermann m’ont un peu rasséréné en m’assurant que je n’avais pas, à 45 ans, à apprendre une langue étrangère. Sur leur conseil, et sans comprendre pourquoi, il me fallait arriver avant le 8 septembre.
J’ai été surpris et séduit en voyant les foules de gens de toutes cultures et de toutes religions converger vers le caveau du Père Laval. Leur peau, leur culture et leur religion sont différentes, mais ils sont unis dans une même ferveur. Cependant, oubli ou calcul de Gérard et Raymond, après trois heures au confessionnal, je savais que même si les gens comprenaient mon français, j’aurai à m’initier au créole, pour être en communion avec les Mauriciens.
Une seconde source d’étonnement pour moi venait de ce que même si leur amour pour le Père Laval était inconditionnel, ils connaissaient peu sa vie et ce qu’il avait accompli pendant ses 23 ans à Maurice, de 1841 à1864. A l’évidence, j’aurai à me préparer à leur partager ce que je sais, surtout avec les groupes scolaires qui viennent pour une matinée de pèlerinage.
Monseigneur Nagapen a profité de la présence du Père Vincent Jouffrieau, prêtre descendant de la sœur du Père Laval et à Maurice pour un an, pour me faire découvrir la joie d’être moi-même pèlerin sur les traces des auxiliaires du Père Laval. J’ai tenu à initier des paroissiens de Sainte-Croix chargés d’accueillir les pèlerins, à cette découverte ; puis ce seront des groupes venus de Normandie, eux aussi chargés d’accueillir les Mauriciens à Pinterville.
En 2014, pour les 150 ans de la mort du Père Laval, nous voulions marquer cet anniversaire et, poussé par ma relecture des événements de cette période, j’ai proposé d’agrandir le caveau du Père Laval en unissant tous les Mauriciens, par leur contribution, comme ce fut le cas pour le premier caveau de 1870.
En même temps on me sollicitait pour écrire un livre accessible à tous sur la vie et l’œuvre du Père Laval, Mort il y a 150 ans, Père Laval est toujours à l’oeuvre, en plus des nombreuses causeries un peu partout autour de l’île. C’est alors qu’a commencé une complicité fructueuse avec Lindsay Edouard, collaborateur exigeant, mais stimulant exceptionnel pour la rédaction de cinq livres. Enfin, pour le dernier livre, Père Laval ; Médecin, Prêtre et Apôtre de l’Unité Mauricienne, paru en 2021, son nom est apparu sur la couverture. C’est un livre écrit avec la contribution de six spécialistes de disciplines différentes. Il en est le véritable pilote.[1]
Depuis 2017, en tant que Vice-Postulateur, j’ai la responsabilité de faire canoniser le Père Laval ; il faut et il suffit d’un miracle pour y parvenir. C’est pourquoi je sollicite des témoignages pour que l’Apôtre de l’Unité Mauricienne soit officiellement reconnu comme saint.
[1] Ces deux livres sont en vente exclusive au Centre Père Laval, à Sainte-Croix.