Après avoir été ces cinq dernières années et jusqu’à tout récemment le Supérieur des Spiritains à Maurice, le Père Maximil Tambyapin, c.s.sp a mis le cap sur Rome ce mercredi 14 septembre pour une fonction à haut niveau. Il sera le nouveau Procureur Général de la Congrégation du Saint-Esprit auprès du Saint-Siège.
« Procureur » : un mot solennel que l’on entend souvent dans le domaine judiciaire. Le procureur est le représentant du ministère public chargé de la poursuite en justice. Et dans le domaine religieux de quoi s’agit-il ? Le père Tambyapin explique que « Le procureur général est le représentant de la Congrégation auprès du Saint-Siège. Je serai donc l’ambassadeur accrédité auprès du Vatican ».
Le Père Maximil, de nature calme et à la personnalité discrète, reconnait qu’il s’agit d’une responsabilité administrative importante avec une dimension internationale que la direction de sa congrégation vient de lui confier : « C’est certainement une autre marque de confiance que la congrégation me fait. Ce n’est pas une promotion mais une nouvelle mission dans ma vie sacerdotale ».
Et de souligner que le Spiritain doit être prêt à aller là où la Congrégation l’envoie. « C’est un service que ma congrégation me demande et que j’accepte avec un peu de crainte car je ne sais pas ce qui m’attend. Mais je fais confiance au Seigneur ». Il occupera cette nouvelle fonction pour quelques années et son mandat pourrait durer au maximum huit ans.
Une des caractéristiques de la fonction du Procureur Général est l’exigence de présence, c’est-à-dire, que celui-ci doit être facilement joignable par les autorités du Saint-Siège. C’est pour cette raison qu’il réside à « La Maison Généralice des Spiritains » à Rome. Mais avant d’entrer dans la fonction, il aura une formation intensive d’environ trois mois durant laquelle il devra apprendre l’italien et maitriser cette langue à l’oral comme à l’écrit. « Si je ne connais pas cette langue je ne pourrais remplir cette fonction correctement. Je dois aussi me familiariser avec la société italienne mais le plus gros effort durant cette période d’adaptation sera au niveau de la langue » admet le Père Tambyapin.
Et ce dernier de partager avec nous son expérience de l’apprentissage de la langue ourdou, nécessaire durant son affectation missionnaire au Pakistan de 2008 à 2014. Une initiation au départ très difficile mais qui au fil des semaines et des mois s’est révélée très fructueuse, et il garde de beaux souvenirs de cette langue.
« J’ai découvert une langue très mélodieuse que j’ai appris à apprécier. C’est très beau d’entendre chanter les psaumes en ourdou et cela reste des moments marquants de ma mission au Pakistan », raconte le prêtre missionnaire qui, en rentrant au pays en 2016, a apporté dans sa valise sa bible en ourdou.
Cette période de formation comprend aussi une prise de contact avec les différents dicastères qui se trouvent au Vatican. Pour le Père Tambyapin, cette nouvelle mission sera pour lui « une ouverture à l’universalité de l’Eglise » de par le fait qu’il sera en contact avec toutes les communautés des spiritains dans tous les continents. « En même temps j’aurai un regard plus large sur l’Eglise» ajoute-t-il.
De par ses attributions administratives, le Procureur général qui exerce sa fonction en étroite collaboration avec le Supérieur General, a la responsabilité de faire un suivi des dossiers de la Congrégation auprès des différents services du Saint-Siège.
De nos jours les congrégations religieuses en général font face à de nombreux défis – entres autres la rareté des vocations - et le rôle du Procureur General, nous explique le Père Tambyapin, « est de sauvegarder et faire valoir les intérêts de la congrégation tout en s’adaptant au monde moderne ».
Ordonné prêtre en juin 2003 le Père Maximilien, a partagé ses dix-neuf années de prêtrise entre le Diocèse de Port Louis et les missions à l’étranger. Faisant partie de la génération des jeunes prêtres, quel regard porte-t-il sur le Diocèse de Port-Louis qui fête cette année ses 300 ans d’existence ? « Il est un fait que le diocèse de Port Louis est bien ancré dans la société mauricienne et a eu une contribution remarquable dans plusieurs domaines de la vie du pays au fil de ces 300 ans. Au plan religieux nous avons la grâce à Maurice de vivre notre foi librement en comparaison avec les chrétiens qui sont persécutés dans certains pays à cause de leur foi. Toutes les vocations à la vie religieuse ayant pris naissance durant ces 300 ans ont contribué chacune à sa manière à faire de l’Eglise à Maurice ce qu’elle est aujourd’hui. C’est une Eglise vivante et qui se distingue par la diversité des cultures. Qu’elle continue à être une Eglise ouverte, accueillante et qui soit à l’écoute ! ».
Le Père Tambyapin émet le souhait d’une Eglise davantage missionnaire : « L’Eglise à Maurice a pris conscience qu’elle doit être une Eglise missionnaire pour avancer et elle doit aller dans cette direction. Et la congrégation du Saint-Esprit a eu une longue histoire d’interpellation missionnaire dans l’Eglise locale à la manière du Père Laval » .