Nous aurons bientôt de nouvelles élections générales. La campagne électorale est déjà commencée. C’est un moment important pour l’avenir de notre pays et le Conseil des Religions ne peut rester sans parole et sans apporter une contribution en rappelant certaines valeurs qui font partie de notre héritage religieux. Nous n’avons pas le droit de nous désintéresser de la politique. Chaque citoyen a un devoir en conscience d’aller voter.
- Ce que nous devons éviter :
La violence
Au cours d’une campagne électorale, on peut facilement exciter les passions et créer des réactions qui deviennent difficiles à contrôler. La violence verbale fait reculer la maturité politique des électeurs. La violence verbale est un signe de faiblesse ; elle déclenche facilement la violence physique et l’usage de moyens qui pourrait semer la terreur ou intimider les électeurs.
La démagogie
Au cours de la campagne électorale, la tentation est grande de se lancer dans la démagogie. La démagogie est une arme dangereuse. Elle fait miroiter les promesses merveilleuses qu’on sait bien qu’on ne pourra pas tenir. Elle traite ainsi les électeurs comme des enfants.
- La responsabilité des hommes politiques :
Pour que la politique garde ses lettres de noblesse, son caractère sérieux, nous demandons aux hommes politiques de ne pas jouer sur le clavier de la peur et de s’adresser plutôt à ce qu’il y a de plus profond dans la culture du Mauricien : à son intelligence, à ses possibilités d’analyse et de réflexion. Au-delà de la passion partisane, gardons sans cesse les yeux fixés sur l’horizon de l’avenir, du bien commun de la société mauricienne à construire.
- Les responsabilités des électeurs :
Les électeurs portent aussi la responsabilité du climat dans lequel se déroulent les élections. Si les électeurs ne font pas un effort pour interpeller les candidats sur le contenu de leur programme, si nous ne sommes pas exigeants pour demander des précisions et des éclaircissements, comment pourrons-nous être les témoins des valeurs que nous jugerons importantes pour le progrès de la société mauricienne ?
- Les valeurs qu’il faut sauvegarder :
La liberté
Il y a des libertés démocratiques inscrites dans la constitution. Nous pensons aussi à la liberté religieuse, aux libertés fondamentales d’opinion, d’expression et d’association.
La justice
Il ne suffit pas d’être contre la corruption, le favoritisme, et de ne le dénoncer qu’en paroles, il faut encore un traitement égal pour tous qui se traduise aussi au niveau de la législation.
Le respect mutuel dans une société pluraliste
Une troisième valeur importante dans un pays multiracial et multi religieux comme le nôtre, c’est de promouvoir le sentiment national, de pouvoir accueillir et favoriser la compréhension et le respect mutuel entre les races, les religions, les cultures et de bâtir l’unité dans la diversité. Cette unité nationale, que nous désirons tous, est difficile à construire dans notre contexte, c’est pourquoi il est d’autant plus important que le fondement de cette construction repose sur le soubassement solide de la liberté et de la justice.
Conclusion
Nous pensons que Dieu est à l’œuvre dans le monde pour le transformer et le rendre meilleur. Il est à l’œuvre par une puissance qui ne « contraint » pas mais qui « invite ». Nous invitons tous les hommes religieux et tous les Mauriciens de bonne volonté à prier pour que les élections soit l’occasion d’un sursaut de générosité qui permettra à notre pays de continuer à progresser.
Conseil des Religions
16 octobre 2024