Une exposition des livres de Mgr Amédée Nagapen, gardien de la mémoire de l’Église locale, dont nous fêtons cette année le 10e anniversaire de sa mort, sera disponible à l’évêché de Port-Louis le 25 août. Mgr Nagapen, auteur prolifique de plus de 70 ouvrages, a consacré ses travaux sur des sujets fort divers, dont l’histoire de Maurice et celle du diocèse. Son livre L’Église à Maurice 1810-1841 : les trois premières décennies de la colonisation britannique qui obtint le Prix des Mascareignes en 1986 fut couronné également par le prix de l’Association des écrivains de langue française en 1989.
Mgr Amédée Nagapen (1930 – 2012)
Amédée Nagapen naquit le 23 octobre 1930 à la rue Mère Barthélemy à Port-Louis. Après ses études secondaires au Collège Royal de Curepipe, il partit faire ses études ecclésiastiques au Séminaire des colonies à Croix-Valmer en France où il fut ordonné prêtre le 24 février 1955 par Mgr Auguste-Joseph Gaudel (1880-1969), évêque de Fréjus-Toulon. De retour à Maurice le 19 juillet, il se consacra au ministère paroissial pendant onze années avant de partir pour le Canada pour des études en août 1967 où il obtint un diplôme en sciences sociales à l’Université Saint-François-Xavier à Antagonish.
Auparavant, épris de justice sociale, il avait fondé des mutualités de crédit pour aider les familles pauvres à améliorer leurs conditions de vie en 1960. A son retour en 1968, il entra dans l’administration du diocèse et servit successivement Mgr Daniel Liston, Mgr Jean Margéot et Mgr Maurice E. Piat comme vicaire général jusqu’en 2002. Il avait également cumulé les fonctions de rédacteur en chef de La Vie catholique de 1968 à 1971, de président de la Roman Catholic Education Authority de 1971 à 1991.
Il fut fait prélat de la Maison du pape en 1969. Toujours dans son souci de justice sociale, il fonda l’Institut pour le développement et le progrès en 1971 avec Jean-Noël Adolphe pour former des animateurs sociaux de toutes les communautés dont le pays avait grand besoin. Plus tard, Mgr Margéot lui confia la responsabilité d’accompagner la Commission justice et paix, nouvellement créée. En 1977, il remplaça Mgr Jacques Giraud comme éditeur de l’annuaire du diocèse qu’il quitta après la publication de l’annuaire de 2007.
Auteur prolifique de plus de 70 ouvrages, il publia son premier livre intitulé Bible knowledge: life and teaching of Christ for S.C. and G.C.E. en 1966. On retiendra trois oeuvres majeures qui feront date dans les productions littéraires en histoire : Histoire de l’Église : Isle de France-Ile Maurice 1721-1968 (1996) - Histoire de la Colonie - Isle de France - Ile Maurice 1721-1968 (1996) Le Marronnage à l’Isle de France - Ile Maurice. Rêve ou Riposte de l’Esclave? (1999). Il avait aussi écrit plusieurs articles notamment dans La Vie catholique et dans la Gazette des îles de l’océan Indien sur des sujets fort divers, dont l’histoire de Maurice et celle du diocèse.
Ce riche foisonnement d’ouvrages écrits de main de maître lui valut très tôt l’admiration des Mauriciens et des étrangers et lui valurent des distinctions civils et littéraires telles le Prix des Mascareignes hors concours en 1986 et le G.O.S.K. en 2005. Son livre L’Église à Maurice 1810-1841 : les trois premières décennies de la colonisation britannique qui obtint le Prix des Mascareignes en 1986 fut couronné également par le prix de l’Association des écrivains de langue française en 1989. En 1992, il fut élu membre de l’Académie des sciences d’outremer.
Quoi d’étonnant qu’il demeura homme d’église et homme de lettres jusqu’à son dernier souffle. En effet, c’était sur son lit de mort à la Nouvelle clinique du Bon-Pasteur qu’il valida le bon à tirer de son chant de cygne L’abbé Tristan Bardet (1829-1884) : lauréat de la bourse d’Angleterre.
Évoquant la contribution de Mgr Nagapen à la littérature mauricienne dans son homélie lors de ses funérailles, Mgr Piat avait déclaré : « Il s’est toujours appliqué avec une passion et une conviction peu communes à conserver les traces de ceux qui nous ont précédés, d’apprendre à les relire avec intelligence et intuition pour pouvoir, à notre tour, écrire la page qui nous revient avec un peu plus d’humanité. Amédée aimait l’histoire qu’on peut découvrir dans les documents d’archives, mais il excellait aussi dans l’art de faire parler les pierres, les lieux, les arbres au bord des routes. Se balader en voiture avec lui était un délice ; il était intarissable et faisait livrer, par le moindre passage, des leçons des choses inattendues. »
Homme affable, modeste, et cultivé et d’un grand cœur, il fut également un prêtre modèle. Comme historien et chercheur, il sut faire parler la pierre et donner un éclairage nouveau sur l’histoire du pays. Sous sa plume, les archives cachées et inexplorées livrèrent leurs secrets. Quoi de plus vrai de dire qu’avec la disparition de Mgr Nagapen, c’est le chantre de la mémoire vivante de l’histoire ecclésiastique du pays qui disparaît.