Conseil des Religions : Préservons l’eau, bien précieux et sacré

EAU
En cette période de sécheresse nous sommes très préoccupés par le manque d’eau. Il n’est pas besoin de rappeler que l’eau est d’une importance capitale pour la vie de la nature comme pour la vie humaine. Selon la Bible, dans le récit de la création, après voir séparé la lumière des ténèbres, Dieu sépara les eaux de la masse qui deviendra
la terre. Faut-il rappeler que l’eau occupe encore 70% de la surface de la planète ? L'Homme a toujours eu besoin de se purifier physiquement et moralement. Il s’est toujours servi de l’eau pour purifier son corps. Mais l’eau est aussi devenue, dans toutes les religions, un moyen de purification spirituelle. Voyons brièvement comment les différentes religions parlent de l’eau dans leurs textes sacrés.

Bouddhisme
Dans le Bouddhisme l’eau est considérée comme une source de vie. Il symbolise la pureté, la clarté et le calme. Certains bouddhistes utilisent aussi l’eau à des fins cérémonielles. L’eau est purifiée en récitant des mantras puis en soufflant dessus, l’eau est utilisée pour les bénédictions. Soulignons que le Bouddha a toujours exhorté
ses fidèles à respecter les ressources naturelles dont nous dépendonstous et à utiliser  l’eau sans la gaspiller

Hindouisme
Dans la religion hindoue l’eau revêt une profonde signification spirituelle et symbolique. L’eau est considérée comme purifiante à la fois physiquement et spirituellement et fait partie intégrante de divers rituels et pratiques. En Inde, toutes les rivières sont considérées comme divines et personnalisées en tant que divinités féminines car, comme les mères, elles nourrissent la vie. Les fleuves les plus célèbres sont le Gange, la Yamuna et le Saraswati. Le Gange est le plus vénéré de ces fleuves.
Se baigner dans ces rivières purifie des péchés et accorde la libération du cycle de la vie et de la mort. A Maurice aussi les plans d’eau sont souvent le théâtre de fêtes religieuses. A l’occasion du Maha Shivaratree des milliers de personnes se rendent au Ganga Talao pour récupérer l’eau sacrée à offrir au Dieu Shiva.
L’eau symbolise également l’écoulement du temps qui ne s’arrête jamais et emporte tout ce qui est lié à la temporalité de la vie, soit la nature éphémère de l’existence.
Nous pouvons dire en conclusion que l’eau dans l’hindouisme est bien plus qu’une substance physique : c’est une entité divine qui soutient et purifie la vie mais nous rappelle son caractère temporel et passager.

Tamoule
Il existe de nombreux livres saints pour n'en citer que quelques-uns tels que Le Thirumandhiram, 18 Thirumouraigal Thiruvaasagam et d’autres
Je mettrai l'accent sur Le Thirukkural par Thiruvalluvarr qui a chanté la gloire de la pluie en dix versets. Je mentionne que quelques versets au chapitre 2.
Quelques versets :
Verset 11 : Comme la pluie incessante soutient le monde, elle est considérée comme  une nourriture céleste
Verset 12 : La pluie produit de la nourriture pour tous les êtres vivants et fait ellemême partie de la nourriture.
Verset 13 : S'il ne pleut pas, le monde entouré par les vastes océans souffrira de famine et de détresse
Verset 14 : S'il ne pleut pas suffisamment, le fermier souffrira.
L'eau c'est la vie, nous naissons dans l'eau. Personne ne peut vivre sans eau, et lorsqu'une personne décède, le rituel principal est effectué avec de l'eau pour obtenir
la libération de l’âme.

Islam
L’eau est une ressource précieuse à la fois dans la vie et dans la pratique de l’Islam. Donner de l’eau à quelqu’un est considéré comme un grand acte de charité. Selon le
St Prophète « la meilleure forme de charité est de donner de l’eau à quelqu’un. Mais le Saint Coran invite aussi à ne pas gaspiller l’eau car Allah (SWT) n’aime pas les
gaspilleurs.

Bahá’í
Dans la foi Bahá’í l’eau est essentielle à la vie elle-même. C’est pourquoi elle est si souvent utilisée dans le symbolisme spirituel. Notons que la foi Bahá’í rappelle
l’importance de l’eau dans l’Evangile de Jean 3.5 « Si un homme ne nait d’eau et d’Esprit il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». La foi Bahá’í cite aussi le Coran
25.50 « et de l’eau pure nous envoyons du ciel ». Ainsi il est clair que les enseignements qui viennent de Dieu sont comme des averses de miséricorde divine,
elles purifient le cœur humain. Dans la foi Bahá’í également certaines prières doivent être précédées d’ablutions.

Christianisme
Dans l’Ancien Testament Dieu créé par sa Parole, il sépare l’eau de la terre ferme et en fait un élément primordial dans l’œuvre de la création. Il est intéressant de noter aussi que dans la Bible l’eau est une puissance de Vie et peut-être aussi une puissance de Mort. Nous pensons ici à ces inondations qui ravagent certains pays et emportent même la vie humaine. Dans le Nouveau Testament nous voyons cette puissance destructrice de l’eau qui est calmée par Jésus dans la tempête apaisée.
Mais le Nouveau Testament souligne aussi, comme dans les autres religions, l’importance de l’eau comme source de purification. Mais cette purification dans l’eau doit aussi être accompagnée [par une conversion intérieure du cœur. C’est ainsi que l’on voit Jean Baptiste prêcher un « baptême de conversion » en plongeant les fidèles dans l’eau du Jourdain. Jésus lui-même s’est plié à ce rite de la purification par l’eau dans le Jourdain mais Jean Baptiste prend bien soin de préciser que Jésus est venu
apporter une autre dimension au « Baptême de l’Eau ». Dans le christianisme le baptême par l’eau constitue l’étape d’entrée dans la vie chrétienne mais doit être absolument complétée par le baptême dans l’Esprit, qui seul peut opérer la conversion intérieure et la purification.
Au cours de la messe catholique le prêtre purifie ses mains avant de consacrer l’hostie en disant « lave-moi de ma faute Seigneur, purifie-moi de mon péché ». Notons aussi que chaque fidèle en entrant dans l’église se rappelle de son baptême et se purifie avec l’eau du bénitier.
Ce bref rappel de l’importance de l’eau dans les différentes religions nous invite en tant que citoyens mauriciens à respecter l’eau que nous recevons chaque jour et à éviter tout gaspillage.

Père Philippe Goupille
17 février 2025